La taille d’entretien en rideau, héritage des pratiques propres au style de jardin à la française cher à Le Notre au XVIIe siècle, constitue un mode de gestion des alignements arborés qui apportent de nombreux avantages dans des contextes urbains aux multiples contraintes.

A l’origine, l’effet esthétique de la perspective d’arbres rectiligne était l’aspect recherché dans des jardins architecturés où la régularité et la symétrie régnaient. Ce type de taille s’est alors développé dans les alignements urbains, où il permet de répondre à différentes problématiques de la gestion de l’arbre en ville.

Si à l’époque, les techniques de taille étaient exclusivement manuelles, avec des outils spécifiques, le croissant et l’échelle roulante, les méthodes ont aujourd’hui évolué pour des pratiques mécaniques, dans un souci de rentabilité, de sécurité et d’amélioration de la pénibilité du travail.

 

L’arbre en ville, contrairement à son homologue situé en milieu naturel, est soumis à de nombreuses contraintes environnementales qui nécessitent d’intervenir pour l’adapter à son environnement : fosse de plantation réduite, proximité d’infrastructures et de bâtiments dans la périphérie du houppier, présence de réseaux aériens et souterrains, compaction et pollution des sols… La liste est longue.

Seule une taille régulière permet de répondre à la plupart de ces problématiques. La taille en rideau, avec une fréquence annuelle, permet des interventions douces et très peu traumatisantes pour les arbres, en supprimant uniquement la pousse annuelle, créant ainsi des plaies de taille de faible section.

Sur la commune, cette taille est réalisée par une entreprise spécialisée en mai, soit après la croissance de la pousse de printemps. L’intervention à cette époque présente l’intérêt d’intervenir en période de végétation, soit pendant une phase où l’arbre met en place immédiatement ses défenses contre les organismes pathogènes, ce qui limite les risques d’infection. En supprimant des jeunes rameaux, nous limitons le traumatisme aux arbres qui reconstituent rapidement leur feuillage.

Un autre avantage consiste dans la suppression des divers insectes ravageurs présents dans les houppiers. En effet, les tilleuls et érables sont fréquemment sujets aux attaques de pucerons et acariens qui à la fois affaiblissent les arbres et également enduisent les trottoirs et parking de miellat par leurs exsudats. En supprimant les jeunes rameaux où ces ravageurs se nichent préférentiellement au moment de leur pullulation, la ville lutte mécaniquement contre cette nuisance, en limitant le recours aux traitements phytosanitaires.

Enfin, cette intervention en cours de végétation freine la croissance des rameaux, ce qui permet de conserver les arbres dans leur gabarit plus longtemps, limitant ainsi la gêne des branches devant les fenêtres, dans les réseaux aériens et autour des lampadaires, et conservant l’effet esthétique jusqu’à la prochaine taille.